DOLO NI WORO KEZAKO ?

Ce blog fût destiné à retracer auprès de nos proches et amis le quotidien de nos séjours respectifs en Afrique de l'Ouest fin 2008.

Pour Nico et moi, Il s'agissait d'une errance à vélo à travers le sahel du Mali au Burkina-Faso.

Pour Zane, allez voir sur la page web de Zane.

lundi 17 novembre 2008

BANFORA

Samedi 15 novembre

Depuis Sindou, une 50aine de km nous permettent d'atteindre le Lac de Tengrela qui occupe plusieurs 100aines d'hectares avec sa forêt humide. Il est réputé pour ses hippopotames qui se feront discrets en nôtre présence : en cette période de hautes eaux (la saison des pluies s'est achevées en septembre), ils restent à l'abris dans forêt humide. Les rives du lac sont propices aux balades au milieu de jardins, potagers et vergers. Nous campons sous un bosquet de manguiers dont la fructification est malheureusement largement passée.

Dimanche 16 novembre

En nous rendant aux chutes de Karfiguéla, nous passons à Banfora dont c'est le jour de marché. Nous faisons donc nôs emplettes dans une terrible effervescence qui nous découragera à rechercher le quartier des artisans-musiciens dont on nous avait parlé la veille.
Karfiguéla est le 3ième site après Sindou et Tengrela où on se fait taxer en bon touriste par des péages, campements et circuits guidés pseudo-obligatoires. Même si ça ne coûte jamais cher, ce fonctionnement commence sérieusement à nous exaspérer... Heureusement, Lassina, le gardien du parking payant (voiture ou vélo même combat) nous accueille très sympathiquement pour préparer notre salade avec les légumes du marché de Banfora. On la partage avec lui et il nous fait goûter le de maïs à la sauce arachide. Contrairement au de mil, celui-ci est une sorte de gâteau de semoule fait uniquement de maïs. On fini le repas avec une papaye du jardin de Karfiguéla.
Pour se rendre aux chute depuis le jardin, on emprunte une allée de manguiers centenaires parsemée de quelques Kapokier. Ce sont des arbres géant ressemblant aux baobab mais avec un tronc ramifié à la base.
On quitte le site le soir même pour se rapprocher un peu pour le lendemain sur la route de Bobo-Dioulasso. La piste qui nous permettra de rejoindre le goudron traverse une plaine cultivée pour la canne à sucre avec irriguation s'il vous plaît. La piste elle-même est 'cimentée' avec un espèce de sirop durci à l'odeur de cassonade issu de la fabrication... une route sucrée en quelque sorte !

SINDOU

Jeudi 13 novembre

Après Sikasso et sa vie agitée, la journée d'hier aux chutes de Farako fût vraiment reposante et requinquante. Cette modeste cascade, blottie dans un écrin de verdure (manguiers, caïcédrats) propice à la détente, à la baignade, à la lecture. Nous y passâmes la nuit avec le seul bruit des oiseaux et de quelques zébus menés par leurs vachers peuls. La proximité de la Côte d'Ivoire et de ses tensions ne perturba pas nôtre sommeil.
Aujourd'hui, une grosse journée nous attend avec l'entrée au Burkina et encore 90 bornes pour atteindre Sindou. On débute sur la route de Bobo-Dioulasso avec un vent d'est, pleine face, qui nous ralentit autant que le passage de la frontière et ses nombreux contrôles (police, douane, gendarmerie de chaque coté !). Presque comme prévu, nous bifurquons à Mahon sur une piste de latérite en direction de Koutoura... au lieu de Kangala ! La piste se transforme vite en single track (pour les VTTistes) de terre et de sable au milieu des champs de mil, sorgho, sésame, arachide, manguiers, goyavier, etc, puis dans une savane en jachère et en brûlis... Superbe traversée ! A Oueléni, nous rejoignons finalement une autre piste menant à Sindou. Là encore le paysage est somptueux : d'ancienne coulées de laves forment aujourd'hui des collines verdoyantes, véritables château d'eau pour la végétation et les cultures (on trouve des champs de tomates !). Les villages sont typiques et la population rurale toujours aussi souriante. On chemine des km durant sur une piste sinueuse et ombragée par de vieux caïcédrats lui donnant une allure d'allée royale au coeur de la Provence... Bref, cette fois-ci la distance est passées avec plaisir.

Vendredi 14 novembre

A Sindou, nous logeons dans un hôtel-campement de paillotes à l'ambiance 'Out of Africa' : le Djatiguiya. Son gérant, Idrissa, de nôtre âge et originaire de Ouagadougou est venu se perdre ici en 2007. L'acclimatation a apparemment été rude pour lui : il a fallu apprendre le Dioula (=Bambara) qui n'est pas parlé à Ouaga, oublié les maquis (bar dancing) endiablés de la ville, et faire une croix sur l'électricité, dont une panne survenue juste après son installation 'est-en-cours-de-réparation' ! Ici, malgré une majorité de musulmans, on ne trouve pas la même ferveur islamique que dans les régions parcourues du Mali : les muezzins nous laissent dormir le matin ! On se prélassent donc une bonne partie de la journée après la grasse matinée, puis balade à vélo dans la brousse, dans les champs et dans le chaos de grés des Pics de Sindou. Ce petit massif présente un énorme potentiel de couenne (pour les grimpeurs) mais son caractère sacré pour les animistes y interdit la pratique de l'escalade... Dommage !
On passe la soirée à palabrer autour d'une bière avec Idrissa sur l'histoire politique du Faso qui ressemblent étrangement à celle des pays voisins : un bon meneur de peuple se fait chiper la place (après un traître assassinat) par un petit chef pseudo-dictateur et franchement propagandiste, avide de pouvoir et sachant s'y accrocher. On s'amuse ensuite à comparer les prix, loyers et salaires de nos pays respectifs. Idrissa touche 50000 cfa/mois, une partie s'en va à la famille et le reste ne lui permet pas d'économiser suffisamment pour s'acheter sa Power K (mob chinoise, reine de l'Afrique de l'ouest). Il a quand même réussi à s'offrir un portable pour rester en contact avec la famille... un mois de salaire !